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Economie des
médias

Les médias subissent un paradoxe qui semble insoluble à court terme. Nous n’avons jamais consommé autant d’informations, au point d’en qualifier notre société post-industrielle de « société de l’information », et pourtant, les médias, ou pour être précis les producteurs d’informations, n’ont jamais eu autant de mal à assurer leur financement. 

 

Alors qu'Internet, d’abord perçu comme une formidable zone d’opportunités, est devenu le lieu de la mise en concurrence frontale de tous les acteurs historiques de média, la valeur publicitaire et la distribution de l’audience leur échappent. La crise de 2007 et des années qui ont suivi a fini de bouleverser le marché publicitaire et, par voie de conséquence, les revenus des médias. Réorganisation, plans sociaux et restructurations, abandon de certaines opérations (parfois rien de moins que la production du support principal que constituait le journal), pression sur les fournisseurs, alliances, rachats, revue du système de subventions, les stratégies de survie ou de développement diffèrent mais mis à part quelques titres, année après année, la question de la rentabilité continue de se poser.

 

Cette pression se répercute sur les agences de presse : les médias ont besoin de plus (et d'autant plus qu'ils ont dû réduire leurs maillages internationaux, qu'ils ont tous besoin de vidéo pour le web...) et de payer moins. Quelles initiatives peuvent prendre les agences pour accompagner leurs clients dans leurs développements ? 

Boul concurrentiel

a. Maîtrise des coûts

 

Les agences souffrent de la crise des médias avec leurs clients qui ont besoin de réduire leurs coûts. Elles concèdent des remises. Nous l’avons précédemment, 20% du chiffre d’affaires d’Associated Press s’est envolé en l’espace de 6 ans. 

L’AFP résiste mieux avec une baisse sur le marché français compensée par le développement de l’international. Il y a tout de même des trous d’air.

Parallèlement, l’actualité est dense et l’information en est d’autant plus dangereuse et coûteuse à produire. C’est un effet ciseau entre les charges et les recettes. AP a supprimé des emplois et revendu certains services de langues (le français, l’allemand), Reuters a supprimé des emplois, EFE a réduit les salaires et déménagé. A l’AFP plusieurs mesures de maîtrise des charges ont été développées : réduction de l’expatriation, création du service vidéo par redéploiement, réduction des piges, gel des salaires, renforcement des procédures d'achat… 

b. Evolutions des outils de production et diffusion de l’information 

 

Les médias ont besoin de plus en plus d’informations multimédia et de vidéos et de plus en plus de temps réel (et de beaucoup d’autres choses), les agences répondent à ces besoins-là de par leur ADN. Elles produisent des dépêches, des images (photo et infographie) et des vidéos au plus proche du temps réel. Elles développent des produits « temps réel » comme le Live blogging (live report) ou le live vidéo. 

 

Les agences créent chacune son système de production et de diffusion de l’information. Elvis pour AP, Lynx pour Reuters, Iris pour l’AFP. Ces systèmes ont pour buts de faciliter la mise en commun des tâches d’édition, d’en automatiser une partie, d’enrichir les documents en métadonnées, de les lier entre eux par langue, par support (texte, photo, vidéo) et d’en faciliter voire d’en ouvrir les formats d’exploitation que ces documents soient intégrés au système rédactionnel du client, mis à disposition sur notre plateforme web ou qu’ils soient directement mis en ligne sur les supports digitaux du client. 

 

c. Modalités de développement

 

Pour ne pas perdre de clients ou ne pas trop perdre sur la valeur des abonnements, les agences adaptent leur « core business » aux nouveaux besoins de leurs clients actuels. 

 

Pour se développer, un nombre limité d’options existe : 

  • région / langue

  • service information / support / thématique

  • services complémentaires

  • nouveaux marchés.

 

Reuters a développé des activités autour de l’information financière qui génèrent plus de 95% des recettes du groupe aujourd’hui. Reuters a tenté de lancer un service d’information en anglais pour les Etats-Unis, venant concurrencer AP, à la fin des années 2000, sans succès. L'agence a développé des activités B2C qui semblent financées.

AP se concentre sur les services complémentaires pour ces abonnés : data y compris de sports ultra-locaux (universitaires), hébergement et syndication des contenus de la presse régionale, production de vidéo à la demande et stand-up, applications mobiles professionnelles, APIs, gestion des droits, régie publicitaire… AP cible aujourd’hui ses investissements sur des technologies à haute valeur ajoutée : web & social monitoring, la réalité virtuelle, le « robot-journalism ». 

L’AFP a développé un service vidéo international, à partir de 2007, qui représente 13 millions d’euros en 2015 et une filiale de production de contenus à la demande et de stand-up pour les médias et le hors-média qui génère plus de 5,5 millions d’euros en 2015. L’Agence investit dans une start-up de production de données et d'applicatifs dédiés au sport et développe une gamme de produits autour de cette thématique.  

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