Média & Information
Qu’est-ce qu’un média ? De quand date-on l’apparition des médias ? A partir de quand et à propos de quoi peut-on parler d’information ? En quoi l’évolution des techniques et les évolutions de l’offre et de la demande de médias sont-elles intrinsèquement liées ? Quels sont les principaux acteurs du ou des marchés des médias et quels sont leurs rôles ? Pourquoi s'informer ? Pourquoi détenir un média ? Avant d’entrer dans la théorie économique et ses applications, avant de décrire les marchés des médias (l’offre, la demande, la concurrence, les produits), le présent chapitre pose des concepts, tente d’en faire percevoir les limites, présente des points de repères et les grandes évolutions du secteur.
a. Combien de médias ?
Le spectre des entreprises de média est bien plus large que celui que l’on a l’habitude d’avoir à portée de main au quotidien : titres de la presse quotidienne en vue dans les kiosques, gratuits aux bouches de métro, 26 chaînes de télévision, sa station préférée et les 6 à 10 stations de radio que l’on reconnait parce que ce sont les mêmes qui reviennent en boucle sur l’autoroute… En France, on recense aujourd’hui :
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Plus de 4 000 titres de presse écrite parmi lesquels les 8 titres de presse quotidienne nationale, les 56 titres de presse quotidienne régionale, mais aussi près de 300 titres locaux, la presse magazine généraliste, spécialisée grand public (ex : féminins, électronique, art...), presse professionnelle (ex : ressources humaines, juridique, agricole...). Les mécanismes économiques que l’on décrira dans le chapitre suivant pourront s’appliquer à l’ensemble de ces titres mais chaque fois que nous parlerons d’information, nous ferons référence à la presse dite « IPG », d’Information Politique et Générale.
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Plus de 1 500 radios entre les radios nationales que nous connaissons, les régionales, les locales, les thématiques, des centaines de radios libres et maintenant les web radios.
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Au-delà des 26 chaînes gratuites de la TNT, il en existe une soixante de locales et plusieurs centaines de chaînes de télévision thématiques sur le câble, les bouquets satellites et ADSL.
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Au-delà de l’AFP, des centaines d’agences de presse spécialisées et de pigistes indépendants qui produisent des contenus texte, photo, vidéo pour les journaux, les radios et la télévision.
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Et enfin des dizaines Pure players, certains installés comme Mediapart ou Arrêt sur image et des plus récents très axés sur la vidéo, notamment.
Aux Etats-Unis, autre échelle des distances oblige, le maillage des médias est beaucoup plus dense. Il y existe plus de 1 400 quotidiens principalement locaux et hyperlocaux, plus de 15 000 radios et 1 000 chaînes de télévision.
b. Principaux médias français et repères internationaux
Principaux titres et diffusion de la presse quotidienne nationale et régionale
Ce tableau présente les principaux titres de presse quotidienne en France. On note que trois titres de presse quotidienne régionale figurent dans le top 5 des tirages nationaux, avec Ouest France qui fait plus du double du second, Le Figaro, seul titre de presse quotidienne, avec Le Monde à nouveau depuis cette année, qui vend plus de 300 000 exemplaires par jour. Cela représente 0,5% de la population. On y reviendra plus loin, nous aborderons les différentes notions de tirage, diffusion payée, taux de prise en main. En bref, ces concepts de mesure d'audience s'imbriquent pour nous dire que le nombre d’exemplaires réellement payés (donc hormis les gratuits distribués à l'université et les retours des kiosques) est bien inférieur au nombre d’exemplaires tirés mais que chaque exemplaire vendu ou offert s’échange une à deux fois en moyenne, ce qui donne une estimation du nombre effectif de lecteurs - qui ne peut donc être mesuré. Pourtant ces titres font partie de nos vies. On entend parler d’un article ou d’une interview du Figaro, du Monde chaque jour, on les lit sur le web. Ils sont repris par d’autres médias, notamment audiovisuels qui font moins d’investigation.
Source ACPM 2019.
Principaux titres et diffusion de la presse quotidienne internationale et européenne
Les grands titres de la presse étrangère ont un lectorat beaucoup plus important :
Balle, Francis. Les médias. Page 12.
Au Japon, pays à la pointe des nouvelles technologies, le Yomiuri Shimbun tire à près de 10 millions d’exemplaires chaque jour, suivi par le Asahi Shimbun qui tire à plus de 7,5 millions. En Allemagne, Bild tire à près de 3 millions, le Sun et le Daily Mail au Royaume-titre tirent chacun à plus de 2 millions. De fait, si les pays européens restent des marchés de taille importante pour la presse, à commencer par le Royaume-Uni et l'Allemagne suivis de la France, c'est en Asie que sont générés l'essentiel des revenus de la presse.
WAN, World Press Trends. Regional newspaper industry revenue.
Ces tableaux nous disent essentiellement deux choses :
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En Asie, on lit plus la presse qu’en Europe.
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En France, nous n’avons pas de grand quotidien populaire (une version française de ce qu’on qualifie outre-manche de Yellow Press, la presse sensationnaliste, à scandale) comme le sont Bild ou le Sun.
Principaux titres et diffusion de la presse périodique française
On connait les principaux titres de presse hebdomadaire française qu’on classe parmi les news magazines et les magazines photos. La plupart sont créés dans l’immédiat après-guerre ou pendant la période des 30 Glorieuses et sont très marqués par la ou les figures de leurs fondateurs et de leurs cercles. On compte plus de 1 600 titres de presse périodique spécialisée grand public qui tirent, au total, à plus de 2,3 millions d’exemplaires. Il s’agit de la presse de programme tv, de la presse sportive, féminine, dédiée aux loisirs. Enfin, il existe plus de 1 200 titres de presse périodique professionnelle : presse médicale, presse de gestion d’entreprise, presse agricole…
Source ACPM 2019.
Principales radios françaises
En France, près de la moitié des radios nationales généralistes et thématiques sont opérées par le service public pour un chiffre d’affaires de 640 millions d’euros en 2013 (dont 90% financés par la redevance). Les autres grandes stations généralistes et nombre des musicales appartiennent à des groupes de médias français, parfois internationaux : Europe 1 et Virgin Radio à Lagardère, RMC à NextRadioTV (Altice), NRJ qui s’est diversifié au Groupe NRJ, tandis que RTL et Fun Radio sont la propriété d’un conglomérat de médias luxembourgeois.
Balle, Francis. Les Médias. Page 30.
Principaux groupes de télévision en France
L’essentiel des grilles des chaînes de télévision est composé de programmes de divertissement. Certaines chaînes (thématiques) sont spécialisées dans les programmes sportifs (Eurosport, Canal+ Sport, Bein Sport, L’Equipe 21), éducatifs, économiques, pour la jeunesse, people… On reçoit 5 chaînes d’information continue en français (LCI, CNews, BFM TV, France Info, France 24) et deux chaînes sur la vie politique (LCP et Public-Sénat). Les grandes chaînes généralistes diffusent un mix de ces types de programmes de divertissement, deux journaux télévisés de 30 minutes à 1 heure par jour et proposent parfois également une tranche d'information la nuit. Au total, l’information représente 1/20è de la programmation mais correspond aux pics d’audience des chaînes.
Le groupe France Télévisions est financé à hauteur de 2,4 milliards d’euros par la redevance (2010). C’est un milliard de moins que l’ensemble des recettes publicitaires du secteur. TF1 appartient au groupe de construction et de téléphonie Bouygues. M6 est devenu le groupe M6 en créant ou en rachetant des chaînes de la TNT. Canal + appartient à Vivendi.
Propriété des principales chaînes françaises. Sources diverses.
WAN, World Press Trends. Daily distribution of screen minutes.
Sur ce tableau qui présente les tirages de la presse quotidienne française de 1945 à 2017, on voit qu’après les pics de l’après-guerre (jusqu’à 15 millions d’exemplaires) et après 68, les tirages baissent fortement et sans discontinuer depuis. La télévision progresse dans les foyers. Relativement vite mais si elle en chasse les journaux c’est à très long terme, sur une génération. La généralisation d’Internet et l’accès plus ou moins gratuit à l’information n'est pas la seule cause de la baisse des tirages de la presse quotidienne nationale qui tournent autour de 1,7 millions aujourd'hui.
DGMIC, Le tirage des quotidiens d'information générale et politique.
Aujourd’hui 98,3% des foyers sont équipés d’au moins une télévision, plus de 50% d’entre eux d’au moins deux. La consommation de télévision peut varier assez fortement d'une année sur l'autre mais en moyenne sur la décennie 2010 - 2020, la consommation de télévision s'établit autour de 3h50 par jour. Si elle avait baissé jusqu'à s'établir à 3 heures et 41 minutes par jour en 2015, elle remonte depuis et a atteint 3h58 en 2020 du fait des confinements notamment.
La télévision, c’est un flux continu de programmes toute la journée et des rendez-vous avec des pics d’audience. En termes de production et de diffusion, cela implique la création ou l’achat de produits médiatiques convenant à ces différentes cases de la grille des programmes. En ce qui concerne la demande de publicité, les annonceurs détermineront le placement de leurs publicités (chaîne, horaire) en fonction des critères d'audience : qui regarde le programme.
CSA, Les chiffres clés de l'audiovisuel français. Volume d’écoute de la télévision de 2009 à 2014.
La radio reste un média de masse avec plus de 43 millions d’auditeurs quotidiens mais sa moyenne d’écoute baisse à nouveau depuis 2012 jusqu'à 2 heures 55 minutes par jour en 2014. Les activités de Radio France, groupe qui cumule la plus forte part d’audience (24%), sont presque entièrement financées par la redevance. Les revenus publicitaires se cristallisent donc sur les trois principaux groupes que sont RTL, NRJ et Lagardère, qui cumulent plus de 55% de l’audience globale.
CSA, Les chiffres clés de l'audiovisuel français. Volume d’écoute de la radio de 2000 à 2014.
La part de la population mondiale équipée d’Internet évolue très vite. Dans les pays riches, plus de 90% de la population a accès à Internet chez soi, au bureau et/ou sur son mobile. En Afrique, les problématiques de coûts de l’installation des infrastructures (câbles, fibres) et de l’équipement des ménages se résout par l’Internet mobile. Les critères de mesure et de suivi de l’audience ou de la performance d’un site sont cumulatifs en fonction de son activité : nombre d’utilisateurs, d’utilisateurs actifs, de visiteurs uniques, de visites, d’abonnés, temps passé, volume de ventes, volume d’achats potentiel (en panier), pages vues...
c. Combien de lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, internautes ?
Nous le développerons dans le chapitre sur la Demande de médias, l’audience est relativement stable dans le temps jusqu’à la généralisation d’Internet. Les grands mouvements d’audience d’un support à un autre correspondent à des évolutions technologiques qui viennent modifier des habitudes profondes de consommation, se déroulant sur plusieurs générations. La presse n’a pas été tuée par la radio qui elle-même n’a pas été tuée par la télévision. Jusqu’à un certain point, les consommations de médias se cumulent. Combien d’écrans exploitons-nous à moment donné de la journée ? Combien de minutes par jour avons-nous un écran de télévision quelque part dans le champ visuel, un ordinateur portable sur les genoux et un smartphone dans la main ?
Le Journal du Net. Part d’internautes de la population par pays dans le monde.
Chaque média va utiliser son propre système pour mesurer son audience. Il n’existe aucun système qui permette de mesurer le nombre exact de lecteurs, téléspectateurs, auditeurs ou d'internautes. On connait le nombre de ventes de journaux, mais on ne peut pas savoir combien de personnes l’ont lu. On peut connaitre le nombre de foyers qui déclarent disposer d’au moins une télévision, mais on ne sait pas combien il y en a (d’allumées). Même en installant des boitiers dans des foyers où l'on déclare combien de personnes regardent l’écran, le chiffre final de téléspectateurs est une extrapolation. Ces chiffres servent aux médias à mesurer leur performance sur le long terme, à se comparer entre eux mais aussi à justifier de la valeur de la diffusion de la publicité auprès des annonceurs. On va donc utiliser différentes mesures qui seront plus ou moins basées sur des faits (ventes) ou sur des sondages (prise en main) ou des extrapolations à partir d’échantillons observés (audimat) :
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Presse : Tirage pour les exemplaires imprimés, diffusion payée pour les ventes au numéro et abonnement, et taux de prise en main pour approcher le nombre de lecteurs.
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Télévision : L'audience brute donne le nombre de téléspectateurs d'une chaîne à un moment donné et la part d'audience (PdA) ou la part de marché (PdM) classe le médias parmi ses concurrents sur la même case et permet d'établir une mesure de performance dans le temps.
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Radio : En fonction de sa catégorie on va avoir différents points de référence (bassin d’audience, part d’audience…).
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Internet : Sur Internet un média peut observer le comportement de son lecteur contrairement à tous les autres supports. A part s’il navigue en privé ou en désactivant ses cookies, l’internaute est suivi sur tout son parcours. On sait aussi d’où il vient et parfois où il va. On va donc avoir différentes mesures qui répondent à différents KPIs (key performance indicators) : le nombre de pages vues, le nombre de visites, le nombre de visiteurs uniques...
